Nördlingen est une ville de Bavière dans l'arrondissement de Danube-Ries. Elle compte actuellement un peu plus de 21 000 habitants. Sa communauté juive, présente au Moyen Âge, a été expulsée au début du XVIe siècle. Les Juifs ne seront autorisés à y revenir qu'à partir de 1860.

Dans les années 1880, la communauté juive, forte de près de 500 âmes, décide de construire une synagogue représentative de son statut. Celle-ci sera utilisée jusqu'en 1938. Dévastée pendant la nuit de Cristal, elle sera vendue à la ville, utilisée par l'Église évangélique luthérienne avant d'être détruite en 1997.

Histoire de la communauté juive

La communauté juive au Moyen Âge

Une importante communauté juive existe à Nördlingen au Moyen Âge, mentionnée dans le droit de la ville rédigé entre 1290 et 1300. L'existence de cette communauté est interrompue par les périodes de persécution en 1290, 1298, 1349, 1384, jusqu'à l'expulsion des juifs en 1506-1507.

La première communauté du XIIIe siècle a son centre dans le secteur du Brettermarkt. Au XIVe siècle une synagogue se trouve au 1 « Judengasse », à l'angle de la Schrannenstraße. Mentionnée pour la première fois en 1394 et en 1402, elle devient probablement la propriété de la ville lors des persécutions de la période de la peste noire. Á sa place, se trouvait avant la Première Guerre mondiale, une grange appartenant à l'établissement Bayerischer Hof. Dans la nuit du 26 au , elle a été incendiée. Lorsque le toit et le mur avant sont tombés, les anciens murs extérieurs, hauts et épais, de l'ancienne synagogue sont réapparus et, avec eux, l'arc de la voûte imposante, les étroites fenêtres gothiques et les parties saillantes du mur qui soutenaient la galerie des femmes.

Lors d'un pogrom, le , les Juifs de la ville qui n'ont pas réussi à fuir, sont assassinés ; leurs maisons et la synagogue deviennent propriété de la ville. En raison de ce pogrom, Nördlingen est temporairement exclue du livre des villes souabes en 1385. En 1393, la synagogue est offerte par le conseil municipal à l'ordre des Antonins de Memmingen, mais le projet de construire une chapelle à la place échoue.

Au XVe siècle, une nouvelle petite communauté juive se reforme dans la ville, mais les familles juives sont constamment menacées d'expulsion: après 1453 et pendant 6 ans, il n'y a plus eu de Juif dans la ville. Á partir de 1401, les familles juives peuvent utiliser le bâtiment de la synagogue contre paiement d'un loyer. Un cimetière juif, mentionné pour la première fois en 1415, et qui est déjà le troisième cimetière juif médiéval de la ville, se trouve sur le Henkelberg (anciennement Galgenberg) et était utilisé par les familles juives vivant à Nördlingen et dans les environs. En , après des années d'efforts, la ville de Nördlingen obtient que les Juifs de la ville soient expulsés « pour toujours ». Ils doivent quitter la ville dans un délai de trois mois. Leurs maisons et la synagogue deviennent de nouveau la propriété du conseil de la ville.

Au XVIIe siècle, pendant la guerre de Trente Ans en 1636-1637 et en 1644 ainsi qu'en 1673, quelques Juifs s'installent en ville de façon temporaire.

La communauté juive au XIXe et XXe siècles

Ce n'est qu'en 1860 que les juifs peuvent à nouveau s'installer à Nördlingen. Le premier Juif à s'y installer est le marchand de cuir Eduard Höchstädter de Mönchsdeggingen. La plupart viennent des localités environnantes de Kleinerdlingen (commune rattachée à Nördlingen en 1972), Ederheim, Mönchsdeggingen, Harbourg, Wallerstein, Hainsfarth et Steinhart.

De 1860 à 1910, le nombre d'habitants juifs évolue comme suit: en 1860 une famille; en 1867 61 habitants juifs, soit 0,9 % des 6 873 habitants de la ville; en 1871 176 soit environ 25 familles et 2,5 % des 7 079 habitants de la ville; en 1875 de 70 à 80 familles; en 1880 347 Juifs soit 4,4 % de 7 837 habitants; en 1890 469 soit 5,9 % de 8 004; en 1900 408 soit 4,9 % de 8 299; en 1910 314 soit 3,6 % de 8 705. Le maximum a été atteint en 1899 avec 489 habitants juifs. La communauté fait partie du rabbinat de district de Wallerstein, représenté plus tard par Ichenhausen.

Au cours des décennies suivantes, les Juifs ont ouvert des établissements de négoce, des boutiques et des magasins importants pour la vie économique de la ville. L'entreprise de broyage de marbre Max Koppel & Sons, qui compte environ 40 employés vers 1900, est bien connue et fournit, entre autres, des pierres tombales aux cimetières juifs de tout le sud de l'Allemagne.

La communauté juive dispose d'une salle de prière, d'une synagogue, d'une école religieuse, d'un bain rituel et d'un cimetière. Pour accomplir les devoirs religieux de la communauté, celle-ci emploie un enseignant religieux qui sert également de hazzan (chantre) et de shohet (abatteur rituel). Le poste est occupé par Abraham Weiler dès la fondation de la communauté en 1870. Il exercera jusqu'à sa mort en 1908,. De 1908 à 1911, Elias Godlewsky, qui enseignait au préalable à Amberg, lui succède. Après sa nomination à Fürth, il est remplacé par Hermann Strauß, qui travaillera dans la communauté de 1911 jusqu'à son émigration en 1939 et enseignera l'éducation religieuse juive dans les écoles de la ville.

Pendant la Première Guerre mondiale, la communauté juive de Nördlingen perd sept de ses membres. Leur nom figure sur une pierre commémorative dans le cimetière juif, avec l'inscription suivante:

Vers 1924, la communauté juive compte environ 250 personnes et ses dirigeants sont Ludwig Rosenfelder, Gabriel Schweißheimer, Jakob Seligmann, Gabriel Hamburger, Moses Rosenberger, David Sternglanz et Robert Neumann. Hermann Strauß, est employé comme professeur et chantre, et Sally Halpern comme shohet (abatteur rituel) et chamach (bedeau de la synagogue). À cette époque, quatre enfants fréquentent l’école religieuse de la communauté, tandis que les autres enfants reçoivent une instruction religieuse dans les écoles de la ville. Parmi les associations juives, on peut nommer la Chewra Kadisha (Société du dernier devoir), fondée en 1898, avec pour buts : la charité et les services funéraires. En 1924 et 1932, elle est dirigée par Emil Koppel avec 50 membres en 1924 et 65 en 1932; la Israelitischer Frauenverein (Association des femmes israélites), fondée en 1900, avec pour buts les soins infirmiers et le soutien aux nécessiteux. Dirigée par Frieda Stoll, elle compte 70 membres en 1924 et 30 en 1932; le fonds de charité Gemilus Chessodim sous la direction de Moses Rosenberger. En 1932, le Wanderarmenkasse (fonds d'aide aux pauvres migrants) est également fondé pour venir en aide aux Juifs voyageant à travers le pays. Il existe également des groupes locaux de l'Association sioniste, fondée vers 1924; du Keren Kajemet le Jisrael (Fonds national juif pour Israël) et de la Jüdischer Jugendverein (Association de la jeunesse juive), fondée en 1921. La communauté dépend du rabbinat du district de Wallerstein, qui est désormais desservi par Ichenhausen. En 1932, les dirigeants de la communauté sont: Jacob Seligmann, président et Norbert Neumann, vice-président. Le secrétaire est le professeur et chantre Hermann Strauß.

En 1933, à l'arrivée au pouvoir d'Hitler, 186 Juifs vivent dans la ville soit 2,2 % de la population totale de 8 402 habitants. Immédiatement des réglementations antijuives sont mises en place dans la ville. Dès l’été 1933, il est interdit aux Juifs de fréquenter les piscines municipales. En revanche, l’activité économique leur est encore partiellement possible. Jusqu'à l'été 1937, le commerce du bétail à Nördlingen est encore majoritairement aux mains des Juifs. En raison de la répression croissante et des conséquences du boycott économique, au début de , 71 Juifs ont quitté la ville: 38 ont émigré, dont 22 aux États-Unis, cinq en Hollande et en Palestine et le reste dans d'autres pays; 33 se sont installés dans des grandes villes allemandes, principalement Munich, Nuremberg ou Augsbourg. Lors de la nuit de Cristal en , la synagogue est profanée et pillée, et les maisons des familles juives vandalisées, de nombreux objets et de l'argent volés. Environ 30 hommes juifs sont emmenés à la prison de la ville. 20 d'entre eux sont libérés au bout d'une semaine et les autres déportés via Augsbourg vers le camp de concentration de Dachau. Avant la fin de 1941, 45 autres résidents juifs réussissent à quitter la ville, dont 33 parviennent à émigrer dont 18 vers les États-Unis, 9 en Angleterre et dans d'autres pays. Entre 1933 et 1942, 39 Juifs sont morts à Nördlingen. Le , 25 résidents juifs sont déportés via Munich vers Piaski près de Lublin. Les derniers Juifs de Nördlingen, 15 personnes âgées, sont déportés en août dans le ghetto de Theresienstadt. Nördlingen est alors devenue judenfrei (libre de Juifs) selon la propagande nazie.

Le mémorial de Yad Vashem de Jérusalem et le Gedenkbuch - Opfer der Verfolgung der Juden unter der nationalsozialistischen Gewaltherrschaft in Deutschland 1933-1945 (Livre commémoratif – Victimes des persécutions des Juifs sous la dictature nazie en Allemagne 1933-1945) répertorient 129 habitants juifs nés, ou ayant vécu longtemps à Nördlingen parmi les victimes juives du nazisme.

Histoire de la synagogue

La première salle de prière

En 1869, 15 familles juives vivent à Nördlingen. Ils se rendent à Kleinerdlingen pour les offices du shabbat et des jours de fête. Ce n’est que le que la communauté nouvellement créée reçoit l’approbation du gouvernement royal. La communauté juive d'Ederheim, (distante de 6 km), est alors rattachée à celle de Nördlingen, de sorte qu'ensemble la communauté compte 27 membres. Celle-ci loue les locaux de l'ancienne imprimerie Mundbuch, située dans la maison du 4/4A de la Kreuzgasse qu'elle transforme en salle de prière. Des contrats sont conclus avec le rabbinat de Wallerstein et la commune de Mönchsdeggingen pour l'utilisation de leur cimetière et avec la commune de Kleinerdlingen (actuellement un quartier de Nördlingen) pour l'utilisation de leur mikvé (bain rituel). La salle de prière est inaugurée par le rabbin de district David Weißkopf le lors du Shabbat Nachamu (shabbat suivant la fête de Tisha Beav) de l'année hébraïque 5630. En 1874, un bain rituel indépendant est construit et en 1876, un cimetière est aménagé sur une pente douce devant la Berger Tor.

La construction de la synagogue

Suite à l'augmentation constante de la communauté, qui compte près de 500 âmes au milieu des années 1880, la salle de prière s'avère rapidement trop petite et la communauté se voit confrontée à la nécessité de construire une synagogue adaptée à sa taille. Le , la communauté est autorisée à acheter un terrain pour y construire une synagogue. L'acquisition de l'auberge zum Greifen pour la somme de 22 000 reichsmarks a lieu le . Le , les plans établis par l'ingénieur Max Gaab (1846-1915) sont approuvés à l'unanimité par l'assemblée de la communauté. Les plans et le budget de la construction de la synagogue sont entérinés par les autorités le . Les travaux de terrassement commencent le , et la pose de la première pierre a lieu le en présence du rabbin de district, du premier maire et de l'architecte chargé de la construction. Un document en hébreu et en allemand est inséré dans la première pierre.

Le mardi , tous les travaux sont terminés. Le se déroule l'inauguration solennelle avec la participation des autorités de l'État et de la ville, du clergé, des recteurs et des enseignants des établissements d'enseignement supérieur ainsi que de nombreux invités venus d'autres villes. Le hazzan de la synagogue, A. Weiler, compose pour l'occasion la Tempelweihen Marsh (Marche de l'inauguration du temple) pour piano-forte.

Sur le plan architectural, la synagogue de Nördlingen a été fortement influencée par celle de Kitzingen, construite deux ans plus tôt, tant dans la disposition générale de la façade ouest que dans les murs de la nef. Les églises baroques de la région ont servi de modèle extérieur pour les deux édifices. Le bâtiment fait 29 mètres de long sur 16 mètres de large, avec une hauteur hors tout de 12 mètres.

Coût et financement

Le coût total de la construction s'élève à 120 000 marks. La construction de la synagogue est financée par un prêt de 80 000 marks et par la vente de sièges de la synagogue pour un total de 40 000 marks. Cependant, tous les Juifs vivant à Nördlingen ne veulent pas participer à sa construction et certains déposent plainte auprès du tribunal administratif. Les journaux communautaires juifs Der Israelit et Allgemeinen Zeitung des Judentums relatent ces poursuites:

La décision du tribunal donne raison aux plaignants:

Description de la synagogue

Le professeur Julius Heller décrit en détail en 1927 l'architecture intérieure et extérieure de la synagogue:

Après l'achèvement de la synagogue, le mobilier de l'ancienne synagogue a pu être vendu. On ignore où ce mobilier a été vendu. Une annonce est parue dans la presse juive:

La fin de la synagogue

En 1936, soit trois ans après l'arrivée au pouvoir d'Hitler, la communauté juive de Nördlingen organise une grande fête pour les 50 ans de l'inauguration de la synagogue.

Lors de la nuit de Cristal, le , les vitres de la synagogue sont d'abord brisées, puis le lendemain, le mobilier et les objets rituels sont détruits: les rouleaux de la Torah sont retirés de leur châsse et incendiés dans la cour de la synagogue. Sur ordre du maire, une plaque est ensuite apposée sur la synagogue, déclarant que le bâtiment est la propriété de la ville et qu'il ne faut pas y toucher. Après cette journée, la communauté juive vend la synagogue et le cimetière à la ville pour la somme de 15 000 reichsmarks. Le reste de l'inventaire de la synagogue est retiré de la synagogue et placé dans l'abri antiaérien du marché à grains. La synagogue est alors utilisée comme grenier à céréales

En 1955, l'ancienne synagogue est achetée par la paroisse évangélique luthérienne et partiellement démolie. Une maison paroissiale évangélique est construite à sa place. Au rez-de-chaussée se trouve l'agence pour l'emploi de Nördlingen. En 1997, la maison communale de la paroisse évangélique et les restes de la synagogue sont démolis et en 1998 une maison de retraite à plusieurs étages est construite à sa place.


Notes et références

  • (de): Nördlingen (Landkreis Donau-Ries) - Jüdische Geschichte / Betsaal/Synagoge; site: alemannia-judaica
  • (de): Nördlingen/Ries (Schwaben/Bayern); site: Aus der Geschchte der jüdischen Gemeinden im deutshen Sprachraum
  • (en): Heidemarie Wawrzyn: Destroyed german synagogues and communities – Noerdlingen
  • (de): Kurze Zeittabelle zur Nördlinger Judengemeinde
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